Introduction de la série photographique...
Le Passager du monde. Celui d'une vie. Une vie qui me ressemble en tout point, qu'il me semble parfois observer de loin.
Tant de temps s'écoule souvent, avant qu'on prenne conscience de la chance que l'on a. On a tous cette chance. Malgré les jours, malgré les mauvais tours. Malgré la nuit, malgré la pluie.
On regarde le monde comme de derrière une vitre. On regarde les autres comme de derrière un masque. Si un regard en dit long, rien ne vaut de parler et de découvrir où les gens s'en vont.
On a tous une vie, et parfois les chemins se croisent.
"Car c'est à la croisée des chemins, que l'on se trouve, ou que l'on se perd."
Il disait:
Le Passager comme d'un train. Comme d'un bus dont certains descendent trop tôt à notre goût. Celui qui conduit reste jusqu'à la fin, et regarde les gens descendre, jusqu'à laisser sa propre place à un autre. Malgré ça, notre place est importante. Et notre impact n'a qu'à être bon pour marquer les esprits des Passagers. Allez à leur rencontre. Osez vous tourner vers votre voisin, il lit peut être le même livre que vous. Ou acceptera de vous en lire deux trois pages.
J'ai décidé de prendre la chance à bras-le-corps. Je suis allé à la rencontre de ceux qui avaient capté mon attention. Cette série photographique est le rassemblement de tous ces visages. Chacune d'elles me rappelle un souvenir, un sentiment, une émotion nouvelle, celle de la découverte des Inconnus. Qui ont parfois une vie aussi incroyable qu'un film. Et dites vous que si vous allez les voir, vous ferez partie du scénario. Du grand Steven Spielberg. Ce n'est pas génial ? La chance d'une vie.
Plus que des photos. Plus que des histoires. C'est un cheminement de questions, de remarques, de problématiques, d'analyses. J'ai cherché ma vérité, celle qui conduit ce que je fais, ce que je pense.
.... Et il a accepté que je prenne des photos de lui, avec pour seule contrepartie la promesse que je les lui enverrai par sms. C'est maintenant chose faite. Le temps est assassin, mais si il y a bien une chose qu'il n'avait pas emporté avec lui ce jour là, c'était leur joie de vivre. Comme au premier jour.
Ils riaient fort malgré la pluie.
Et c'est son couvre-chef qui m'avait attiré.
.... Quand au hasard d'une remontée mécanique je rencontre Hugo, et qu'après quelques clichés il me demande si on peut prendre le temps d'en faire pour lui.
Quand le temps se fige et que le vent gonfle sa voile, c'est comme les oiseaux qu'il plane en haut des monts, au dessus des maux.
Je me suis toujours dit qu'il fallait chercher les bonnes photos, provoquer la chance. En fait, elle vient toute seule, quand tu ne l'attends plus.
À toi d'être prêt quand elle se présente. Provoquez la chance, allez à sa rencontre. La vie vous le rendra.
Je ne connais rien à sa vie, il ne connait rien à la mienne.
On a discuté, On a échangé, et c'était comme si on se connaissait depuis longtemps.
Les inconnus sont les meilleurs des amis.
...Et il a toujours ce brin de malice, celui qui me faisait rire pendant ses cours il y a 10 ans, et qui n'est pas prêt de s'arrêter. Savoir jauger entre autorité et complicité, ça c'est son talent. Avec toujours un gentil mot quand il m'appelle Jeannot.
Et sans poser, on dirait qu'il allait faire un pied-de-nez.
Ça disait : Pourquoi être si sérieux ?
Savoir apprécier l'incertitude de la vie, et de se lancer quand l'envie nous en prend. Pourquoi s'en tenir à une vie toute tracée si tes rêves te tirent vers une autre voie?
Un peu d'audace n'a jamais fait de mal,
Il l'a bien compris.
C'était un nez rouge de renne, dans une journée rouge de Noël.
On ne le voit pas toujours,
Mais quand il est là, personne ne saurait remplacer sa joie de vivre.
...Et l'on y côtoie les grands. Ceux qui n'ont plus rien à prouver,
Parmi ceux qui ont tout à rêver.
On y côtoie les petits.
Et toujours ces inconnus, ceux qui rêvent, ceux qui doutent. Ceux qui imaginent le meilleur, qui attendent leur heure. Malgré l'humain, il en reste toujours certains que l'on croise le soir comme le matin. Ces volatiles. Ces piafs. Ces oiseaux. Les pigeons, tout du lac le long.
Volent au dessus des lois, volent au dessus des toits.
Volent au dessus de toi, au dessus de moi.
Eux aussi en croisent du beau monde.
De leurs ailes battent la seconde,
De la vie qui s'écoule. Si l'inconnu est le meilleur ami,
L'animal est le meilleur compagnon. Il ne parle pas, il ne dit mot.
Mais pour autant il ne consent.
Il soulage, Il cajole, Il supporte, Il apporte
Un peu de bien dans ces vies. De celles que l'on a pas choisies.
Ces vies de chiens, Ces vies bien loin,
De l'humour, de l'amour. De ce qui nous rend humain.
"Et ça dégouline d'amour".
L'amour des autres nous afflige. Non l'amour pour les autres, mais l'amour entre les autres.
Pourquoi cette frontière tant qu'elle nous maintient en dehors nous gêne tant ? Ne sommes nous pas les premiers à nous plaindre de le voir, tant que nous n'y sommes pas intégrés ?
Cet égoïsme de rêver pour soi. Rares sont ceux qui n'aiment que pour l'autre.
Pourtant ils sont là, et il semble que ils auraient compris une chose nous échappant.
C'est incroyable de voir à quel point un sentiment tel que lui, peut être si complexe.
Peut être que c'est la recherche que nous lui accordons qui lui confère cette particularité.
A force de chercher quelque chose, nous le transformerions, au point de ne plus pouvoir trouver la même chose que ce que nous cherchions.
A cela donnerons nous le nom de déception ?
L'homme à la brioche...
Et il a levé le regard.
Il était là durant la messe, il est resté durant la liesse.
Il a porté ce beau fardeau, sur lequel lorgnaient déjà les marmots.
Regard baissé, le visage fermé, il a écouté.
Il semblait calme et apaisé, comme aux commandes d'une routine qu'il connaissait bien.
Il n'était pas seul, mais des porteurs il était le dernier.
De la pénombre affabulée par la lumière des vitraux, au zénith saisissant de l'extérieur.
La main sur les yeux, il a avancé.
Au bruit des tambours, il s'est redressé.
Et il a levé le regard. Face à cette plaine en contrebas, face à ses compères tous porteurs de ces brioches bénies.
Il a remit en place son fardeau, et d'un pas ferme s'est avancé.
Comme de ses maux allégé.
... Et on a entendu les tambours. Ceux qui, par leur venue, de la messe en annonçaient le début. Le vin et les brioches bénites, le feu de la bougie crépite.
Et alors en musique, finissant comme débutant, la messe a suivi son cours. C'était la Saint Vincent à Bénonces dans le Bugey.
Au son des cloches des chèvres au loin, le soleil semblait revenir de juin. Réchauffant les cœurs.
Affublant de joie le village endormi.
il Soldato de Torino
Et on l'a suivit un moment. Il marchait droit. Droit dans ses bottes. Sous les arches. Il se démarquait par son allure. Sa valise seule bruyante dans la rue. Il attendait droit. Je n'ai pas vu son visage, mais il semblait calme. Ce genre de calme qui cache un certain contrôle de soi. Il a tourné dans une petit rue.
Et on ne l'a plus vu. La vie des inconnus nous échappe. Et parfois même si dans un laps,
De temps, l'on aime à imaginer qu'elle pourrait être fantastique,
Je crois qu'elle est parfois banale. Si banale qu'elle en devient géniale.
Géniale d'humilité,
Géniale d'humanité.
Le couple d'amis de Turin...
Et ils observaient la ville.
Comme d'un promontoire depuis le musée.
Le plus haut bâtiment d'Europe passé un temps disaient ils.
C'était cette heure où l'on regarde le soleil se coucher.
La plus belle des heures, là où se dénouent les cœurs.
La où se retrouvent les âmes sœurs.
Certains parlaient français, d'autres anglais. Mais au milieu des langues, le paysage semblait les nouer.
Des gens qu'on ne reverra pas, des langues que l'on entendra plus.
Des couples qui s'enlacent, des amis qui s'étreignent.
Le déclencheur s'actionne et c'est un moment figé. Figé dans le temps. Mais loin d'être figé dans l'espace.
Les photos tournent.
Les photos voyagent.
Les clichés,
Font voyager.
...Et on rencontre des gens.
Des inconnus qui parfois deviennent des amis. Mais que devient il de tous les gens que l'on croise? Ces regards baissés sous la pluie, ces yeux cachés derrières des lunettes embuées, ces iris masqués par une longue mèche.
Il a dû en voir des visages. Fermés, balafrés, rayonnants, grisonnants.
Je me demande parfois si on peut tout lire sur un visage. Je crois que quand on en a les clefs, on pourrait même tout lire dans le plus simple des regards.
Une amie m'a dit un jour, qu'il y a certains regards qui ne mentent pas.
Il y a des regards qui parlent. Il y a les regards fermés.
Il y a les regards glacés, et ceux qui glacent. Les regards d'amour, et ceux qui aiment.
Les mercis, les aurevoirs, sans âme ni profondeur. Contrastent sans problème avec les sourires.
Un sourire vous rend heureux, à donner et à recevoir. On ne sait jamais vraiment tout de quelqu'un, ce qu'il a vécu, ce qu'il vient de vivre. Mais les yeux eux, ne mentent pas.
Si tant est que l'on sait les regarder.
... Et j'ai déclenché l'obturateur.
Ce laps de temps qui capture un moment. Capture un instant.
Les inconnus et les humains ont place toute particulière dans cette série. Mais même si certains ne sont plus des inconnus, car cet obturateur nous a rapproché.
Ils n'en restent pas moins des inconnus pour la plupart.
Pourquoi les émotions et les sentiments semblent le mieux retransmis par des inconnus?
Les inconnus sont les meilleurs des amis.
On ne connaît jamais vraiment quelqu'un.
Mais les inconnus, les passants, ont eux, rien à cacher. Ils n'ont pas cette prétention de passer pour mieux qu'ils ne sont.
La rue est le théâtre de la vie. Telle qu'elle est. Sans fioriture.
Comment exprimer mieux les ressentiments que par figer les humains que l'on ne croise qu'une fois?
Ils deviendront plus.
Plus que des inconnus.
Des vécus.
....Et il m'a demandé pourquoi moi il me faisait peur.
Je me suis à mon tour demandé qu'est-ce qui avait changé.
Qu'est ce qui fait que quelque chose nous effrayait avant, et plus maintenant? Qu'est ce que fait que quelque chose nous attirait et nous effraie maintenant?
Un revirement. Un changement.
Un regard d'enfant. Un regard de parent.
On a prit de la hauteur face aux choses,
On a plus peur, mais on est moroses.
Si il voulait une photo avec lui,
Lui voulait de l'argent pour la photo.
A on eu le choix de perdre ce regard?
Cette honnêteté, cette franchise, ce courage bien particulier que seuls les enfants connaissent.
Le courage ? Le connaissons nous vraiment passé 15ans?
Si ce n'est la vérité qui gâche notre naïveté. C'est une envie de plaire qui inspire.
Le pire n'est pas le regard des autres,
sur nous.
Mais le regard de nous,
sur nous même.
Qu'avons nous à nous prouver?
... Et il m'a transmit son sourire.
Ce soir là j'ai osé lui demander de prendre une photo de lui.
Si la barrière de la langue peut faire peur, elle réconforte parfois. Elle permet d'oser aborder des inconnus, avec pour garantie de ne pas toujours se comprendre complètement.
Il a sorti son traducteur, et après quelques mots sur un clavier qwerty, il m'a lu.
Il s'est tourné vers moi, et alors plus un once de cette attitude un peu fermée qu'il pouvait sembler avoir.
Il m'a lancé un grand oui, et m'a remercié chaleureusement, avant de me serrer fermement la main.
J'ai osé, et il m'a rendu heureux.
Malgré tout ce qui avait pu se passer, un sourire m'a tout fait oublier.
Merci de cette rencontre,
Mulțumesc.
... Et je l'ai vu venir de loin. Après plusieurs semaines à rêver de pouvoir faire cette photo, j'ai enfin eu mon occasion.
Je m'excuse d'avoir eu à la prendre à votre insu, mais je n'ai pas pu m'en empêcher.
Il a continué sa route, adressant un mot gentil à tous ceux qu'il a croisé par la suite. Mis à part la taille du chien, j'ai revu en lui mon grand père baladant le sien.
Il faisait froid,
Mais il a prit le temps de discuter.
Il faisait froid,
Mais la vie ne s'arrête pas.
Je me suis demandé combien de chemins faut-il emprunter pour pouvoir prédire ce qui nous attend derrière un virage.
Je me suis interrogé sur la manière dont on approche ces virages.
Malgré la sincérité que j'ai voulu mettre dans ces textes et ces photos, je n'ai pas pu m'empêcher de les reprendre. Pour les affiner, les corriger, étendre ma pensée, expliciter mon idée.
Encore une fois on pourrait légitimement se demander ce qui nous pousse à nous reprendre, à ne pas laisser sortir ce que l'on pense aussi vite que nos neurones le traduisent.
Pourtant c'est grâce à cette recherche de l'idée précise que l'on se fait comprendre, que l'on peut simplement exprimer tous les sentiments du monde, parce qu'on les a tous déjà pensés. Je crois que l'expérience est ce qui nous réconforte le plus dans nos vie. Pourquoi une situation connue n'est elle plus effrayante? Parce qu'on connait ce virage. Parce cette route est à présent éclairée.
A la lumière de nos erreurs passées, de ces pensées corrigées, de ces idées aussi vite oubliées qu'elles n'étaient arrivées.
Parce qu'on s'interdit on traduit aussi une envie plus forte encore de faire mieux. Parce qu'on se limite on se dit qu'un jour on pourra se libérer de ces même limites que l'on s'est fixées.
Aussi longtemps que je regarderai cette série, j'aurai toujours envie de la corriger, de la changer, ou encore même selon les jours de la réduire au silence, mais si elle prend de la valeur, morale j'entends, c'est parce que comme toute choses elle se doit de rester sur la corde.
Une chose acquise n'est plus désirée, vous me l'accordez? Alors de surcroit une idée acceptée, une pensée assimilée n'est plus si intéressante.
Au delà de dire qu'il n'y a que la recherche qui compte, qu'il n'y aurai que l'étude qui rende la solution, la réponse ou le résultat intéressant. Je crois surtout qu'il nous faut accepter que la balance de la vie n'est pas prédictible. Si ce virage est connu, qui nous dit que le carrefour suivant n'en sera pas modifié?
Il faut je pense garder toujours cette part de chance. Parce que l'équilibre vient du négatif comme du positif, et que peut importe l'instant, et sa valeur, un jour, il faut l'espérer, il viendra de même à son propre inverse.
Gardez cette flamme. Celle qui vous a conduit à lire tout cela. Celle qui vous donne tous les jours envie d'essayer.
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